l'Histoire
du Junkers Ju-52
Le 1
juin 1990 arrivait sur le plateau de Cerny la Ferté-Alais ce monument
historique le Ju-52 gros trimoteur ; l'avion est d'origine Casa 352.
C'est
la version espagnole construite sous licence du fameux Junkers Ju-52.
Cet appareil fut pris en charge par une petite équipe en vue de le
restaurer. L'équipe de restauration du Junkers 52 de l'Amicale Jean-Baptiste
Salis vous propose un résumé des origines de cet avion. Il permettra
au lecteur de connaître un peu mieux l'histoire dans laquelle a évolué
ce fabuleux appareil, des hommes qui l'ont conçu aux compagnies qui
l'ont utilisé en passant par les conflits qu'il a traversé. Cet avion
ira bientôt rejoindre notre musée volant, et participera comme les
autres à de nombreux meeting.
Historique
du Type : JU52/3M-4 CASA 352 T2B-212 SN N° 103 La société espagnole
Construcciones Aeronautica Sociedad Anonima (CASA) fondée en 1923
acquiert la licence de fabrication des Junkers Ju-52 Allemand en 1942.
Après la seconde guerre mondiale 170 avions de type Casa 352 seront
produits..
Notre
appareil à un passé un peu différent : durant le décapage de la cellule,
des plaques d'identifications datant de 1943 et 1946 sont mise à jour.
Bien que ce soient des plaques CASA, le type d'avion référencé n'est
pas un CASA 352 mais bel et bien un JU52/3m! Le fuselage est donc
d'origine allemande ! Lors des travaux de restauration, l'équipe se
rend compte que cette cellule est conforme au standard de fabrication
allemand ; le fuselage provient bien d'un Junkers Type JU52/3M . Hélas,
l'histoire de ce fuselage ne nous est pas connue. Peut être vient-il
des avions qui furent employés pendant la guerre d'Espagne en 1936
ou bien s'agit-il d'un des JU52 utilisés par la compagnie nationale
espagnole IBERIA, personne ne le sait.
Ce
que nous savons avec certitude c'est que l'appareil fut exploité par
l'armée de l'air espagnole (Ejército del Aire) jusque dans les années
73-74. Hélas, l'affectation et le type de missions effectuées ne sont
pas connu a ce jour. Même le carnet avion (Aircraft log book ) n'indique
rien ce cette période, le nombre d'heures de vol effectué n'est pas
totalisé.
Puis
l'appareil est acheté par une association anglaise (Aces High ) qui
l'utilisera entre autre pour le cinéma. L'avion effectua quelques
vols, notamment un en direction de la Suède , puis il fut utilisé
pour le largage de Parachutistes.
L'avion
fut acquis par l'AJBS avec l'idée de le produire en vol. Il fut convoyé
de COVENTRY au plateau de Cerny par un équipage anglais. Un lot de
pièces détachées fut également acquis par l'association (moteurs,
hélices etc.). Ce vol de convoyage se déroula la veille de notre meeting
aérien le 1 juin 1990.
Les
origines du Junkers Ju-52
Après
la première guerre mondiale, l'industrie aéronautique allemande n'a
pas beaucoup d'espoir. Le traité de Versailles réglemente sévèrement
les entreprises de ce secteur. La puissance des avions est limitée
à 220 chevaux ! Un homme, le professeur Hugo Junkers va changer cela,
il décide que son pays doit se munir d'une aviation civile.
Sous
la direction technique d'Otto Reuter, la fabrique Dessauer Flugzeugwerks
dont il a la charge, produit le premier avion de ligne à cabine tout
métal, en 1919, malgré l'interdiction du traité de Versailles. C'est
une première, car dans tous les autres pays, les avions civils sont
issus d'appareils militaires.
C'est
le Junkers 12 qui deviendra le J12 puis qui est mondialement connu
sous l'appellation de Junkers F13. Ce qui est recherché avec cet avion
c'est la performance économique à long terme. L'avion volera sous
tous les cieux du monde la production cessera en 1932. Bien que conçu
pour la ligne, le F13 fut armé et utilisé par les militaires. Les
compagnies aériennes naissantes sont toujours à la recherche d'avions
emportant une charge marchande plus importante, plus de passagers
et bien entendu plus sûr. Dès 1923, Hugo Junkers projette un avion
de neuf à onze passagers et multi-moteurs afin d'améliorer la sécurité.
Le bureau d'étude conçoit le G23, un tri-moteur propulsé par un BMW
IIIa de 185 chevaux au centre et deux Mercedes de 120 chevaux sur
les ailes, nous sommes en 1924. La puissance est faible, mais l'Allemagne
est toujours soumise au traité de Versailles.
Très
vite les G 23 qui seront produits entre 1924 et 1926 laisse place
au G24. Les deux appareils se ressemblent, et leur histoire est très
intimement mêlée. Dans une filiale suédoise, la AB Flygindustry, le
G23 est produit en même temps que le R 42 qui est la version militaire
du G 24. Le G23 est produit en version terrestre et hydravion avec
des motorisations appropriées. La production du G 24 débute en 1926
en Allemagne et en Suède, environ 60 seront produits déclinés en 20
versions différentes.
Un
problème va opposer Junkers et les autorités montantes du troisième
Reich : le fait de créer des avions militaires issus d'avions civils,
de les vendre partout dans le monde est une preuve manifeste que l'Allemagne
ne respecte pas les traités signés à la fin de la première guerre
mondiale. Dans le même temps donc, l'Allemagne s'efforce de produire
dans le plus grand secret sa formidable arme aérienne. Alors, le succès
mérité de Junkers met les autorités allemandes dans une fâcheuse situation.
Le G 24, civil et le R42, militaire vont rencontrer un formidable
succès commercial. Mais rien n'est acquis pour toujours, eux aussi
avec leur neuf à onze sièges deviennent trop petit pour les lignes
aériennes.
Alors
Junkers se remet au travail et produit le G 31. On utilisera des tronçons
de fuselage du G 24, Le nouvel avion est également un tri-moteurs
équipé de moteur Junkers L5 de 280/310 chevaux. L'avion est prêt en
1926 et enregistré sous le numéro D-1073. Autre particularité du G
31 : le poste de pilotage comprend un troisième siège: celui du mécanicien
navigant et une cabine de 15 sièges !
Le
premier vol est réalisé dans le courant printemps 1926. Les moteurs
sont changés pour des Gnome et Rhône Jupiter de 510 chevaux. Et c'est
sous cette forme que le G 31 est présenté au public. Pour la petite
histoire, Trois G 31 seront vendus à une société minière de Nouvelle
Guinée, la mine se trouve très éloignée de toute voie normale d'accès,
les trois avions à eux seul vont transporter tout le matériel pour
monter en pleine Jungle l'exploitation minière, ceci prouvant l'extrême
robustesse de ces avions. Parallèlement à cette production, Junkers
produit un autre appareil de transport, le W 33 monomoteur équipé
d'un Junkers L5 en ligne, puis le W 34 à moteur en étoile BMW 132.
L'appareil
connaît également un grand succès, les militaires vont le commander
sous l'appellation K 43. Les G 24 et W 3 préfigurent déjà de ce que
sera le Junkers 52. Malgré tout ces succès, Hugo Junkers n'oubliait
pas son vieux rêve de 1910, celui d'un avion géant. Les caractéristiques
sont les suivantes : envergure 44 mètres ; longueur 23.20 mètres ;
hauteur 7.20 mètres ; propulsion quatre moteur Junkers L88 de 750chevaux
entraînant une hélice quadripale en bois de 4.50 mètres de diamètre
; masse à vide 16400 kg ; masse maximale au décollage 23000 kg ; vitesse
maximale 210 km/h Vitesse de croisière 185 km/h ; plafond 3100 mètres
; autonomie 10 heures. L'appareil est composé d'un équipage de sept
hommes : deux pilotes, un opérateur radio, deux mécaniciens navigants,
d'un steward et enfin de 32 ou 34 passagers. Deux G 38 seront construits.
Le premier vol est daté du 6 novembre 1929. Les appareils furent utilisés
par la lufthansa sur des lignes européennes, puis il seront remis
à la luftwaffe pendant la deuxième guerre mondiale.
Le
premier Junkers Ju-52
En
1928, sous la responsabilité de l'ingénieur Ernst Zindel, un nouvel
avion est en étude le J 52 connu plus tard sous l'appellation JU 52.
L'étude de l'appareil est très minutieuse, les passagers le fret,
les lignes aériennes tout est pesé et mesuré. Pour sa réalisation,
de nombreuses personnalités du monde aéronautique allemand sont consultées.
L'avion doit être économique à l'achat et en opération, fiable et
facile à maintenir avoir une charge marchande élevée ( au moins 2000
kilogrammes ), et bien sur, avoir une faible vitesse d'atterrissage
et de décollage, mais aussi une bonne vitesse et altitude de croisière.
Enfin, l'appareil doit être suffisamment rustique pour pouvoir utiliser
tous les types de terrains.
Ce
type de cahier des charges conduit finalement l'équipe de Junkers
à développer un gros monomoteur bien que beaucoup de spécialistes
préconisent un multimoteur. Le moteur choisi pour le premier avion
est un Junkers L88. Malheureusement, le développement de ce moteur
glisse, et les ingénieurs choisissent une autre motorisation : le
BMW VII AU de 685 chevaux. L'avion est de la même facture que ses
prédécesseurs : Monoplan aile basse à revêtement ondulé.
Le
matériel utilisé est l'alliage d'aluminium : le duralumin. L'accès
à bord est facile, tant pour les passagers que pour le fret par la
porte cargo. Le premier JU 52 numéro 4001 effectue son premier vol
le 11 septembre 1930, piloté par le Flugkapitän Zimmermann. Des modifications
sur les gouvernes furent effectuées, puis l'appareil est emmené au
Deutsch Versuchsanstalt für Luftfahrt, un institut d'essai aéronautique
à Berlin. Les essais en vol vont se poursuivre jusqu'en février 1931.
Beaucoup
de modifications seront apportées. Finalement l'avion reçoit le numéro
D-1974 Durant cette phase d'essai, les militaires allemands portent
un grand intérêt au dernier de chez Junkers. Le JU 52 est prêt, il
va entamer une série de vols de démonstration avec un vol de 6000
km qui le mènera de Budapest à Bucarest, puis Sofia, Belgrade, Athènes,
Vienne et enfin Prague. Malheureusement, aucune commande ne vient.
Le moteur initialement prévu est enfin disponible et monté avec une
hélice quadripale en bois de cinq mètres de diamètre, d'autres modifications
sont effectuées sur la voilure, l'avion s'appelle désormais JU 52ca.
Après
quelques essais, le nouveau moteur ne semble pas convenir, et le BMW
initialement installé est remonté. D'autre JU 52ca sont construits,
avec d'autres motorisations. La version hydravion est testée, mais
elle ne donne pas satisfaction. Bien que sous motorisé, des lettres
d'intentions de commandes commencent à arriver de partout : Bolivie,
Iraq, Nouvelle Guinée, mais elles n seront hélas pas confirmées. Un
avion toutefois est vendu au Canada sa structure métallique et sa
rusticité en feront un avion très apprécié dans ce vaste pays.
Le
constat est dur, personne ne veut vraiment de cet avion, ce que les
compagnies aériennes veulent, c'est un tri-moteur. C'est d'Amérique
du sud, de Colombie, de Bolivie que viennent les premières commandes
de JU 52 trimoteur. Les appareils livrés seront en fait des monomoteurs
modifiés en trimoteur. Le premier JU 52 3m vole en 1931, l'avion est
utilisé tant par les civils que les forces armées qui l'utiliseront
en tant que transporteur, mais aussi en tant que bombardier. C'est
un succès, avec une vitesse maximum de 270 km/h et une croisière à
230 km/h le cahier des charges est enfin respecté.
Dès
1932 la Lufthansa utilise les JU 52 3m, et c'est le début d'une formidable
réussite, seul le Douglas DC-3 fera mieux ! Différentes motorisation
sont utilisées, Pratt & Witney hornet, Hispano Suiza 12Nb, BMW Hornet
et enfin le moteur qui restera celui du JU 52 3m : le BMW 132.
versions
civiles
Vers
la fin 1930, la Lufthansa, idéalement placée sur l'aérodrome de Berlin
Tempelhof, devient le plus grand réseau aérien mondial. Avec sa position
centrale, Berlin est une plaque tournante du trafic aérien incontournable.
La fameuse compagnie allemande est créée en 1926, elle ne vole qu'avec
des Junkers F 13. Elle possèdera jusqu'à 230 Junkers 52, faisant de
l'avion l'appareil le plus vendu en Europe ! Le pouvoir politique
fera de la Lufthansa un outil de propagande mais aussi une vitrine
de l'aviation civile. Les Junkers 52 3m vont ouvrir une ligne aérienne
jusqu'alors inaccessible par tout autre appareil : l'axe Berlin -
Rome en passant par-dessus les Alpes.
Le
vol dure environ dix heures. L'avion est l'outil qui réduit les distances.
En 1937, un équipage quitte l'Allemagne à bord d'un JU 52, le D-ANOY,
il vont rejoindre la chine en passant au dessus des chaînes de l'Himalaya.
Après le succès de cette liaison, une compagnie Sino-germanique est
créée en Chine : la Eurasian Aviation Corporation. Des lignes aériennes
sont ouvertes entre de grandes agglomérations du continent asiatique
précédemment reliées entre elles par des moyens classiques.
Pékin,
Canton, Shanghaï, Hong Kong, sont maintenant reliés au moyen de JU
52. Une autre ligne est tissée en direction de l'Amérique du sud vers
Rio de Janeiro Pour la traversée transatlantique, des hydravions Dornier
ravitaillés par des bateaux judicieusement placés sur la route seront
utilisés. De l'autre coté de l'océan, des hydravions JU 52 sont utilisés
pour acheminer fret et passagers sur les liaisons côtières. L'Uruguay,
l'Argentine, Le Chili seront également des escales pour l'avion de
Hugo Junkers. Le Junkers 52, apporte une nouvelle dimension à la ligne,
la rentabilité, l'entraînement des équipages, la maintenance. Tout
ces points sont capitaux et il sont les mêmes aujourd'hui. Les avions
de Hugo Junkers transforment le transport aérien, désormais ce n'est
plus une aventure.
versions
militaires
Le
spectre de l'intolérance et de la haine recouvre l'Europe. Les dirigeants
Allemands ont compris que ce Junkers 52, la " Tante Ju " comme l'appelle
familièrement les équipages, pouvait leur apporter une aide non négligeable
dans leurs plans de conquête. Hugo Junkers, promoteur d'une certaine
idée de l'aviation est écarté, en 1934, ne partageant pas les courants
de pensées en vigueur dans l'administration allemande. Il meurt à
76 ans l'année suivante.
La
guerre civile Espagnole
En
1936, le 26 juillet, une rencontre entre Hitler et Franco va sceller
le sort des Junkers 52 militaires. Il faut transporter les troupes
de Franco du Maroc vers l'Espagne. C'est la Guerre, une guerre fratricide
! La guerre civile Espagnole fera d'énormes ravages. La tante Ju est
utilisée pour le transport de troupes mais aussi pour le bombardement.
Sous le plancher, une soute pouvant contenir 1500 kilos de bombes
est installée.
Pour
protéger l'avion de l'attaque des chasseurs ennemis, deux tourelles,
l'une dorsale, l'autre ventrale, sont équipées avec des mitrailleuse
de Calibre 7.9 millimètres. En tant que bombardier, l'appareil bien
qu'offensif ne laisse pas un grand souvenir, d'autant que dans le
même temps un autre appareil spécialisé dans cette tâche fait irruption
dans le conflit : le Heinkel 111. Le Junkers 52 est très vulnérable
: malgré son armement défensif, il est une proie facile pour la chasse.
Franco gagne, des Junkers 52 vont rester en Espagne.
La
deuxième guerre mondiale
D'autres
conflits se dessinent sur l'Europe. Là, Le Junkers 52 sera utilisé
pour ce qu'il sait faire de mieux : transporter ! La guerre commence
par la campagne de Pologne. l'armée allemande à mis au point du matériel
très performant que ce soit sur terre, sur mer ou dans les airs c'est
sans conteste l'armée la plus moderne et plus efficace du monde. Mais
surtout ces moyen offensifs modernes de combat étaient supportés par
d'énormes moyens logistiques.
Le
Junkers 52 est un de ces vecteurs d'approvisionnement. Il servira
d'avion de ravitaillement à l'aller puis d'avion sanitaire sur le
retour. Il sera utilisé sur tous les fronts de la Pologne à l'Afrique
du Nord. Toujours présent sa silhouette familière se profile sur tous
les champs de bataille. Après la Pologne, c'est la Norvège, la Belgique,
la Hollande puis la France. Dans ces campagnes, outre le rôle de bonne
à tout transporter, que nous lui connaissons, la " Tante Ju " va être
utilisée par la nouvelle arme qui a vu le jour récemment : Les parachutistes.
En effet, pour permettre aux troupes au sol d'avancer ces unités sont
larguées sur des points stratégiques bien précis. Par exemple, avant
une offensive au sol, un pont est pris d'assaut par les troupes aéroportées
et préservé d'une destruction, permettant quelques heures plus tard
à une division d'invasion de l'emprunter.
C'est
un nouveau concept de guerre éclair, personne en face n'est réellement
préparé à une telle déferlante. C'est une stratégie qui combine l'arme
aérienne et l'arme terrestre. Pour certaines de ces opérations, des
planeurs transport de troupes seront remorqués par des JU 52 3m de
la Luftwaffe. Il y a d'autres campagnes, la Crête en 1941 connue sous
le nom " d'opération Mercury " elle sera très coûteuse en hommes,
de part et d'autre. 500 Junkers 52 vont être utilisés, ce sera une
terrible victoire allemande, c'est la plus grande bataille aéroportée
de l'histoire. Seul le débarquement du 6 Juin 1944 mettra en jeux
plus de parachutistes. L'Afrique du nord avec Rommel, a également
besoin de support, cela se finira pas bien pour le troisième Reich,
les Junkers 52 tombent par centaines.
Mais
la bataille le plus terrible est celle de Stalingrad, sur le fameux
front de l'Est. Les conditions climatiques empêchent le ravitaillement
de l'armée de Von Paulus. L'hiver russe est terrible, les routes impraticables,
le secours ne peut venir que du ciel. Les Junkers 52 munis de skis
remettent cela, mais Goering ne sera capable d'expédier que 84 tonnes
de vivres par jour, soit un cinquième du nécessaire vital de l'armée.
Le Maréchal Von Paulus se rend, les conditions ne sont plus tenables.
Durant cette campagne, 266 Junkers 52 seront perdus. La Luftwaffe
ne s'en remettra pas, la guerre est maintenant perdue, les alliés
ont compris la leçon ils ont eux aussi leur JU 52 : il s'appelle le
DC-3 ou plutôt le C-47 Dakota dans sa version militaire.
En
1939, une mine magnétique anglaise est trouvée et analysée par les
services techniques de la marine. Il ressort de l'étude qu'un champ
magnétique serai capable de déclencher l'explosion de la mine. Un
anneau de 14 mètres de diamètre alimenté par une batterie de projecteur
anti-aérien est fixé sous le ventre de l'appareil. L'anneau émet un
champ magnétique qui permet de faire exploser les mines anglaises.
Pour cela, l'avion doit survoler le champ de mines entre 10 et 20
mètres d'altitude. Les avions de séries seront équipés d'un anneau
de 14.60 mètres de diamètre et d'un générateur de 150 kW entraîné
par un moteur diesel. Le nom de l'avion est le JU 52 MS " Mausi ".
Ces
opérations de déminage dureront toute la guerre et se prolongeront
même après pour débarrasser les côtes des mines. Pourtant dès 1939,
il devint évident que le vénérable Junkers 52 3m bien que fiable,
était lui aussi devenu trop petit. Alors la Lufthansa commanda le
remplaçant : le Junkers JU 252, un tri moteur de 34.09 mètres d'envergure
pesant respectivement à vide et en pleine charge : 13100 et 22 000
kilogrammes et propulsé par trois Junkers Jumo 211 F de 1340 chevaux.
La vitesse de croisière est de 418 km/h à 5700 mètres, l'autonomie
étant de 4000 km. L'avion a indiscutablement un air de famille, bien
qu'il ne possède plus le fameux revêtement ondulé, et, signe des temps,
le train est escamotable. La Luftwaffe prendra en compte ces appareils,
mais ils seront construits en très petit nombre et donc ne changeront
rien au cours de la Guerre.
l'histoire
des CASA 352
La
guerre civile terminée, la société Construcciones Aeronautica Sociedad
Anonima (CASA) acquit la licence de construction des Ju-52. La production
débute en 1942 à l'usine de Getafe, le premier avion est prêt environ
deux ans plus tard. L'avion, le CASA 352 est construit en 170 exemplaires,
les cents premiers sont équipés des BMW 132, puis, à partir de 1951
la motorisation change pour une production espagnole : l'ENMASA beta.
Peu à peu au fil des visites d'entretien, les BMW sont remplacés par
le moteur espagnol. L'aspect des deux avions est identique, seuls
les capotages moteurs et l'antenne de radiogoniométrie, qui n'est
pas montée non plus sur la version espagnole permettent de reconnaître
un JU 52 d'un CACA 352. Les derniers CASA 352 furent produits jusqu'en
1954. Tout au long de ces années, ils restèrent l'épine dorsale du
transport aérien militaire espagnol. Les CASA 352 sont donc utilisés
comme avions de transport sur les bases de Getafe et de Gando, comme
avions école à Salamanca et Jerez, comme largueurs de parachutistes
à Alcala de Henares et Alcanterilla. L'avion est encore visible en
Espagne au magnifique musée de l'air de Madrid sur l'aéroport Cuatro
Vientos.
En
France aussi
: Le Toucan
En
France, en 1941 un accord est trouvé entre le troisième Reich et les
autorités Françaises. Les anciennes usines Amiot à Colombes construiront
des Junkers 52 3m. 321 avions seront produits et remis à la Luftwaffe.
Après la deuxième guerre mondiale, l'industrie aéronautique est à
reconstruire, alors les avions capturés sont utilisés par notre armée
de l'air. Bien entendu, le Junkers 52 fait partie des avions récupérés,
ces qualités n'étant plus à vanter les usines Amiot devenues Ateliers
Aéronautique de Colombes vont continuer de construire les JU 52 sous
l'appellation AAC-1 Toucan, 415 avions furent produits. Le premier
groupe de transport (GT 3/15) est formé au Bourget le 1er février
1945. Ce groupe sera composé pour moitié de JU 52 et de DC-3. L'avion
sera encore une fois témoin de la folie des hommes, en Algérie, en
Indochine.
Les
rôles sont toujours les mêmes : Transport, évacuation sanitaire, parachutage,
mais aussi appui feu et bombardement. L'armée de l'air mais aussi
la marine nationale, seront utilisatrices des Toucans. Les derniers
vols opérationnels auront lieu en 1952. La " Tante Ju " laisse dans
la mémoire de tout ceux qui l'ont approchée un souvenir inoubliable.
Nos compagnies nationales Air-France et l'Aéropostale seront utilisatrices
de l'avion fin 1945. L'Institut National Géographique ( IGN ) acquiert
deux exemplaires du Toucan et s'en sert pour la cartographie. Il y-eut
bien d'autres immatriculations civiles de " JU 52 " en France, comme
: Air Atlas, Aéro-Cargo, Aigle Azur, Air Nolis, Air Océan, Compagnie
Général Transsaharienne, preuve, s'il en était encore besoin, pour
dire combien l'appareil est apprécié.
Les
collectionneurs et les musées
Et
en l'an 2000 ? Est-ce fini ? Et bien non, l'avion vole toujours, sous
les couleurs de la Lufthansa. Le D-AQUI entièrement restauré par des
passionnés, emporte des passagers pour des baptêmes. La compagnie
Suisse JU-AIR possède trois JU 52 acquis par les troupes d'aviations
Suisse en 1939 ; l'un d'entre eux a d'ailleurs participé au meeting
de Pentecôte 1999. Il s'agit d'un JU52 ( HB-HOT A-702) datant de 1939,
acheté par l'armée de l'air suisse et réformé en 1981, puis exploité
depuis 1982 par JU-AIR pour des meetings, des baptêmes de l'air et
aussi pour de la publicité.
La
South African Airways, comme la Lufthansa, s'est procuré un CASA 352.
Il vole la-bas aux antipodes, maintenu en l'air par un groupe de passionnés.
L'avion est immatriculé ZS-AFA. Il à été remotorisé avec des moteurs
Pratt & Witney, similaires à ceux montés à l'époque. L'aménagement
cabine est en tout point conforme au premier JU 52 acheté avant guerre
par l'Afrique du Sud. Peut être, au gré de vos visites dans des musées
de l'air, aurez vous le bonheur de croiser la route d'un de ces avions
Junkers 52, CASA 352 ou AAC-1 Toucan, à Paris le Bourget, au Musée
de l'Air et de l'Espace, aux Etats-Unis à Dayton à l'USAF muséum,
à Madrid, Imperial War Muséum à Duxford , au Deutsch Muséum de Munich
et puis le nôtre, celui de l'AJBS... Arrêtez-vous, vous ne le trouverez
peut-être pas beau, mais vous contemplerez un monument de l'histoire
de l'aviation. Il mérite le respect ainsi que tous ceux qui l'ont
construit, entretenu et fait voler.
Caractéristiques
techniques de l'appareil
Avion
de transport militaire métallique tri-moteur monoplan cantilever ailes
basses à train classique.
Le
fuselage :
Equipage
deux pilotes, un opérateur radio placé en cabine coté droit. Le fuselage
est de section rectangulaire arrondie recouvert par un revêtement
travaillant ondulé conférant une grande rigidité à l'assemblage. L'appareil
possède une porte d'accès passagers à gauche au bord de fuite de l'aile.
Il y a également une porte cargo sur le coté droit s'ouvrant en deux
parties, la partie inférieure servant de plate-forme facilitant le
chargement de l'avion. Quelques versions furent même équipées d'une
trappe sur le toit pour le chargement de l'appareil par une grue.
Sous le plancher il y a des caissons fermés par des trappes qui peuvent
servir de soutes. Tous les appareils sont équipés d'une portière sur
le coté droit du fuselage au poste de radio, derrière le copilote,
elle permet d'accéder au moteur central par des marche-pieds pour
y remplir des tâches de maintenance.
Les
ailes : Ailes trapézoïdales, elles aussi recouvertes du revêtement
ondulé travaillant. Equipées d'ailerons " Full span " en deux parties,
la partie intérieure servant de flaperon.
Les
empennages : Toutes les surfaces sont couvertes du même revêtement
ondulé. Le plan fixe est haubané au fuselage.
Le
train d'atterrissage : Classique, à grandes
roues pour se poser sur des terrains sommairement aménagés. Les jambes
de trains sont équipées d'un amortisseur oléopneumatique. Les roues
sont munies de freins pneumatiques utilisant des vérins simple action.
Les roues sont parfois munies de carénages.
Les
caractéristiques données ci-dessous concernent les Junkers 52 et les
CASA 352
Fiches Techniques |
Junkers Ju-52 3mg4e |
Casa 352 |
Envergure |
29,25
mètres |
29,25
mètres |
Longueur |
18,90
mètres |
18,90
mètres |
Hauteur |
4,50
mètres |
4,50
mètres |
Hauteur
en Ligne de vol |
6,10
mètres |
6,10
mètres |
Surface
alaire |
110,5
m² |
. |
Masse
à vide |
5900
kg |
6600
kg |
Masse
maxi décollage |
10500
kg |
11000
kg |
Charge
marchande |
4100
kg |
. |
Vitesse
maximum |
270
km/h |
274
km/h |
Vitesse
de croisière |
200
km/h |
233
km/h |
Vitesse
d'atterrissage |
100
km/h |
100
km/h |
Plafond
|
5500
mètres |
7100
mètres |
Distance
franchissable |
915
km |
1200
km |
Distance
maximum |
1280
km |
. |
Passager
|
17
passagers |
18
passagers |
Motorisation |
3
X BMW 132A |
3
X ENMASA BETA4 |
Motorisation |
3
X Wright |
. |
Nombre
de cylindres |
9
en étoile |
9
en étoile |
Poids |
530
kg |
468
kg |
Puissance
|
660
cv |
750
cv |
Cylindrée |
27,7
litres |
26,7
litres |
Taux
de compression |
6,93:1 |
6
:1 |
Consommation
specifique |
220g
/ cv / h |
250g
/ cv / h |
Hélice
|
Bipales
à pas variable |
Bipales
à pas variable |
Année
de fabrication |
1939 |
1952 |
Armement
:
Les JU52 allemands furent parfois armés comme suit : Quatre positions
avec des mitrailleuses MG-15 de 7.62 millimètres :
·
Une tourelle dorsale
·
Une de chaque coté du fuselage
·
Une tourelle ventrale escamotable
·
Enfin des versions utilisées pour le bombardement emmenèrent jusqu'à
1500 kg de bombes sous le plancher. Les bombes étaient installées
en position verticale.
On
peut estimer le nombre de JU 52 toutes versions confondues, incluant
les productions CASA et AAC, à plus de 4845 appareils.
Restauration
du Junkers 52 de l'AJBS
L'avion
fut acquis par l'AJBS avec l'idée de le produire envol. Après examen
de l'appareil, la décision est prise de le restaurer complètement.
Une grande révision est entreprise dans la dernière moitié de l'année
1990 par une équipe de 4 à 5 bénévoles de l'amicale. Les ailes sont
démontées, rangées dans le fond de notre hangar. L'équipe d'entretien
décide de travailler sur le fuselage. Tout est photographié, démonté,
inspecté, reconditionné. Un travail très important de décapage est
entrepris sur la cellule Pour la restauration, des visites sont effectuées
au Musée de l'air et de l'espace au Bourget ou un exemplaire est en
exposition statique, puis à Dübendorf en suisse ou trois autres Junkers
sont maintenus en vol par la compagnie JU-AIR.
L'équipe
se procure une documentation importante : catalogue de pièces détachées,
manuels d'entretien, schémas électriques, circuit carburant et huile.
Toutes cette documentation sert à la restauration pour le réglage
remontage des équipements aux commandes de vols. Elle est disponible,
en allemand, en Français, en espagnol, mais aussi en anglais. Les
documents sont parfois traduits afin de disposer de procédures de
restauration. Cette documentation sera très utile lors de l'établissement
du dossier final auprès des autorités de certification.
De
nombreuses photos sont prises tant sur notre Junkers que sur ceux
visités par notre équipe afin de constituer une base de données photographiques
pour le remontage et l'équipement de notre appareil. La restauration
de l'appareil sera conforme à ceux utilisés par l'armée allemande
dans les années 42 durant la campagne de crête (JU52/3 mg5e de l'escadron
de combat KG zbV 172 ).
Le
niveau de restauration sera aussi proche que possible du standard
allemand indiqué plus haut, tant pour l'instrumentation de bord que
pour la décoration. Toutefois, pour satisfaire à des critères de sécurité
lors des vols, les installations radios seront modernes, mais adaptées
discrètement pour ne pas nuire à l'esthétique de la restauration.
Seule, la motorisation ne sera pas d'origine. En effet, les BMW 132
montés sur les Junkers sont des pièces rares dans le milieu de la
restauration. L'avion sera équipé de moteurs construits par la société
espagnole ENMASA ( Empresa Nacional de Motores de Aviacion, S.A.).
Ils sont plus puissants que les BMW originaux, mais surtout l'Amicale
possède six de ces moteurs qui serviront de réservoir à pièces détachées
et aussi qui nous permettront de disposer de moteurs de rechange.
Informations techniques sur la restauration
a)
Chaudronnerie et peinture: La
cellule, fut entièrement décapée, inspectée, puis un important travail
de chaudronnerie a été entrepris pour redresser les tôles, en créer
d'autres. La difficulté provient, sur cet appareil, du type de revêtement
dit " Tôle ondulée " qui rend l'avion particulièrement résistant,
mais complique le travail de restauration. Puis, les tôles et la cellule
réparée furent passivées, peintes avec une couche de peinture primaire
d'accrochage. Et enfin, la décoration de l'avion sera la suivante
: surfaces supérieures et latérales vertes, surfaces inférieures bleues,
gouvernes peintes en jaunes. Tout ce travail fut réalisé dans les
ateliers techniques de l'amicale.
b)
Commandes de vol et moteurs: Les commandes de vols sont des organes
directement liées à la sécurité des vols, ainsi, elles furent démontées,
repérées, inspectées. Tous les éléments qui les composent : rotules,
chapes, et roulements ont été vérifiés et remplacés si nécessaire.
Des procédés spéciaux dit de ressuage ou contrôle radiographique furent
même utilisés afin de rechercher d'éventuelles faiblesses dans ces
pièces. Par sécurité, toutes les tresses de masses furent changées.
Puis, les commandes de vol furent graissées, peintes et stockées en
attendant leur installation dans la cellule. Certaines d'entre elles
sont remontées et réglées.
c)
Circuits Essence, huile, pneumatique et électrique: Ces
circuits se composent de réservoir, tuyauteries, éléments de type
robinet, valves, échangeurs, clapet de sur-pression. Tout ces équipement
on subit le reconditionnement suivant : · Tuyauterie souples ou rigides
pour les circuits carburant, huile et pneumatiques (circuit de freinage
) furent entièrement refaites à neuf. Puis éprouvées et peintes selon
les standards en vigueur dans l'aéronautique. · Robinet, valves, échangeurs,
clapet de sur-pression furent complètement reconditionnés. Les joints
d'étanchéité furent tous refaits. · Des tests furent conduits sur
tous les circuits afin de vérifier leur parfaite étanchéité. Le circuit
électrique fut lui aussi complètement rénové. On peut dire que l'avion
est maintenant équipé d'un nouveau réseau de bord et bien sûr complètement
testé.
d)
Accessoires et instruments de bord: Les instruments de bord sont
d'origine allemande et récemment révisés. Elle sera conforme aux standards
allemands de l'époque. Seul l'équipement radio électrique sera de
fabrication moderne. L'avion sera équipé pour les communications et
la navigation d'un VOR-VHF, d'un transpondeur alticodeur tous de marque
KING. Ces éléments modernes seront montés dans le cockpit de manière
discrète comme les antennes auquel ils sont connectés, de façon à
ne pas altérer le caractère historique de la restauration. Les antennes
extérieures : filaire, " sabre " et " Loop " seront remontées pour
conserver l'esthétique de l'avion.
e)
La motorisation: L'AJBS possède six moteurs en bon état. Les "
engines log book " ou carnet moteur sont en notre possession, ils
nous permettent de savoir le nombre d'heures effectuées par chacun
d'entre eux. Trois d'entre eux resteront donc en tant que rechange.
A ce jour, seul le moteur central est révisé et installé. Cette révision
s'est faite sur le terrain par le mécanicien de l'Amicale Louis Bekira.
Le 26 Juillet 2001 l'équipe a pu voir ce moteur tourner et entamer
sa phase d'essai, pour l'année 2001.
f)
Les Ailes
Les ailes sont à ce jour décapées et traitées en peinture primaire
à l'extérieur. Il reste à réaliser les réparations nécessaires sur
le revêtement, ainsi que la réparation complète des ailerons, très
abimés. La réfection des 14 réservoirs de carburant et des tuyauteries
d'interconnexion reste à faire.
g)
La certification et les essais en vol: A l'issue du remontage
complet de l'avion, un dossier technique de classification en avion
de collection sous le régime du " Certificat Navigalité Restraint
d'Avion de Collection " sera déposé, permettant ainsi les essais en
vol.
Estimation
des travaux restants
Nous
estimons à environ 1200h , le travail restant à accomplir pour remettre
l'avion en vol, dont près de 1000h pour terminer la restauration des
ailes. Les travaux en cours dans nos ateliers sont : Révision complète
du moteur gauche et de ses accesoires Réfection des réservoirs d'huile
Les travaux restant à faire Travaux de chaudronnerie sur les ailes
et les ailerons Mise en peinture des ailes 14 réservoirs d'essence
a installés dans les ailes Rééquipement des réservoirs et de commandes
de vols dans les ailes Révision du moteur droit Assemblage final de
l'avion Les principales difficultés techniques qui restent à résoudre
sont la fabrication des tuyauteries souples d'interconnexion.
Le
professeur Hugo JUNKERS et ses avions
Hugo
JUNKERS né en 1859, il fut un pionnier de la recherche technologique
sur les moteurs et le développement du transport aérien. Son nom,
mondialement connu, est attaché aux méthodes de construction, à la
fiabilité, et à la performance des machines.
Dès
son entrée à L'Académie Technique Royale de Berlin en 1978 comme étudiant
en mécanique, il prit connaissance des ouvrages d'aéronautique relatant
les expériences faites en ballon, et des rapports des sociétés savantes
sur le voyage aérien, alors qu'aucun enseignement n'était donné sur
ce sujet. Il continua à l'université technique d'Aix la Chapelle,
où il fut diplômé ingénieur en motorisation en 1884. Ses études terminées,
Hugo JUNKERS continua à suivre toutes les publications scientifiques
de l'époque concernant le vol, et posa dans ses carnets dès 1885 les
questions à résoudre pour la construction d'un aéronef : les conditions
mécaniques du maintien en l'air , la forme la plus appropriée pour
développer la plus grande force de sustentation à une vitesse donnée,
les moyens de propulsion nécessaires.
En
réponse, il trouva la définition de la résistance opposée par l'air,
de l'énergie à fournir . Il détermina la forme du vaisseau, qui devait
pénétrer l'air comme un bateau pénètre l'eau, et les pertes d'énergie
dues au frottement et aux turbulences. Mais il ne put expérimenter
dans ce domaine de l'aérodynamique que 30 ans plus tard, quand il
disposa d'une soufflerie. Commença pour lui une période active d'ingénieur
et de chercheur.
En
1888, il rejoignit à DESSAU Wilhelm von Oechelhaeuser pour développer
un nouveau type de moteur à gaz. En 1893, il créa à Dessau la société
" Hugo JUNKERS, ingénieur civil " , puis en 1895, en association avec
le Dr Robert LUDWIG, la firme " JUNKERS et Cie " , dissoute en 1897.
En septembre 1897, il fut nommé, par décret impérial, professeur à
l'université technique d'Aix la Chapelle. Responsable du laboratoire
des moteurs, il donna des conférences sur les technologies du chauffage
et les usages généraux du gaz, tout en expérimentant sur les moteurs.
Grâce
aux ressources de Dessau, il fonda à Aix l'institut privé de recherches
" Professeur JUNKERS " , où furent
employés plusieurs savants et techniciens, dont le docteur ingénieur
Otto MADER qui devait devenir ensuite le responsable du laboratoire
de recherches de Dessau. Il ne perdait pas le contact avec l'aéronautique,
correspondait avec " l'association allemande pour l'avancement du
voyage en aéronef " , se tenait informé des progrès. Après une visite
des aéronefs de Wilhelm KRESS près de Vienne, il note en juin 1901
" ... quelle force est nécessaire,.. " (pour faire voler une machine)
" personne ne donne une réponse positive " .
En
1903 eut lieu le vol des frères WRIGHT, puis en 1906 le vol de SANTOS-DUMONT,
rejoint par les frères VOISIN et les frères FARMANN, ouvrant une ère
nouvelle. Le professeur Hans REISSNER, un collègue d'Aix la Chapelle,
entreprit des expériences de vol sur un biplan VOISIN, qu'il modifia
selon ses concepts si bien qu'il devint le " biplan REISSNER " , et
réussit un vol court en 1909. Hugo JUNKERS suivait le projet et prodiguait
ses conseils. REISSNER voulant construire son propre avion, JUNKERS
lui recommanda une construction " tout métal " .
REISSNER
construisit un fuselage de monoplan " canard " en treillis de tubes
d'acier, avec une aile mince et courbe, recouverte en tôle ondulée,
dont il déposa le brevet, et dont Hugo JUNKERS assura la construction
à Dessau, en aluminium. Motorisé par un Argus de 70 CV, le " REISSNER
" vola d'août à décembre 1912.
Cette
coopération incita le professeur JUNKERS à mener ses propres recherches
aérodynamiques. Il remarqua la traînée préjudiciable produite en vol
par le fouillis des câbles et des superstructures des cages à poules
de l'époque. Le 3 décembre 1909, il déposa le brevet pour une construction
de voilure visant à la réalisation d'une aile métallique à structure
interne (cantilever), assurant par son dessin aérodynamique et son
profil épais le meilleur rapport entre portance et traînée.
Le
concept de l'aile épaisse était né. JUNKERS expliquait qu'elle pourvoyait
un espace creux pour loger tout ce qui était à transporter, avec le
but de réduire le plus possible la traînée. Le brevet fut homologué
le 1er février 1910. Un an après le brevet de REISSNER pour une aile
extra-mince, JUNKERS en était venu à concevoir une aile d'une définition
totalement opposée. La démarche qu'Hugo JUNKERS apprit et enseigna
à ses assistants est qu'il faut en premier examiner l'implication
pratique dans tout état de fait technique digne d'examen.
Si,
après cet examen, il en découle un programme de recherche, on s'attachera
à considérer l'ensemble et à en apprécier la complexité, et ensuite
les problèmes de réalisation de chaque élément seront traités. Leur
étude séparée mène à un plan de recherche, qui sera confié à un bureau
d'études chargé de produire un dossier, l'ensemble des traitements
terminés constituant la solution générale. Cette démarche engendrait
toujours des solutions nouvelles et révolutionnaires. Ce fut le cas
pour ses recherches aéronautiques. Il s'intéressa non seulement aux
caractéristiques des cellules, à leur concept et à leur production,
mais aussi au développement des moteurs.
Après
avoir étudié les moteurs à gaz industriels, ceux des bateaux et des
engins routiers, il aborda avec son équipe les moteurs d'avion, selon
son approche toujours complexe : la cellule et le moteur forment un
organisme, le moteur est le coeur, et doit être ainsi traité. Le bureau
allemand des brevets a enregistré 320 brevets et additifs au nom d'Hugo
JUNKERS. 17 autres furent déposés sous le nom de sa femme, durant
les années 1933-1934. Hugo JUNKERS débuta la construction d'avions
en 1910. Ses brevets sur l'aile épaisse et le construction métallique
donnent le ton dès ses débuts. L'équipe du " laboratoire de recherches
" s'occupa de concevoir les outillages de construction et d'essai
aussi bien que le méthodes de réalisation de l'aile épaisse.
En
1913, l'usine de Dessau avait terminé les études et les outils pour
la construction d'un prototype d'aile épaisse, dont l'habillage était
prévu en tôle d'acier, grâce à l'expérience acquise dans le formage
pour les chauffe-bains et radiateurs. Les difficultés rencontrées
furent résolues une à une; le premier avion, le J1,fut terminé en
novembre 1915.
Le
premier monoplan entièrement métallique vola à DÖBERITZ en janvier
1916, à son premier essai. Durant la première guerre, la firme de
Dessau fut associée à Anthony H. G. FOKKER pour la production d'avion
de chasse, sous le contrôle des militaires, ce qui ne changea pas
le point de vue du professeur JUNKERS sur ce que devait être un avion.
La guerre terminée, JUNKERS se sépara de son partenaire. Dessau avait
livré 210 avions à l'Armée et à la Marine, à peine 0,5 % de la production
militaire allemande. Fort de l'expérience acquise dans la recherche
et la construction, , JUNKERS va mettre en oeuvre sa détermination
première de fabriquer des avions commerciaux. En janvier 1919 il donne
la directive : " Nous devons nous libérer définitivement des méthodes
qui ont servi à construire le plus vite possible des avions de guerre,
et appliquer toutes nos forces à réaliser des avions bon marché, économiques,
légers, simples, surs et durables "
Alors
que le autres constructeurs transformaient non sans difficulté les
biplans militaires pour le transport de passagers, parfois dans de
habitacles ouverts, Dessau produisit le F 13, le premier monoplan
au monde tout en métal, à structure interne. Avec sa cabine pour les
passagers, cette machine très solide résumait toutes les innovation
de la construction. En 1958, le constructeur soviétique O. K. Antonov
écrivait dans la revue " Aviziya Grashdanskaya " de Moscou : " Depuis
que le professeur JUNKERS a produit le F 13, le monoplan à aile basse
a régné sur la construction des avions commerciaux " . Le F 13 ouvrait,
tant pour l'avionique que pour le transport aérien, la voie aux concepts
de JUNKERS, marqués par la clairvoyance, la finalité, la méthode.
Tandis que le F 13 faisait ses preuves dans maint pays, il devint
évident que l'économie d'exploitation du transport aérien exigeait
la création de lignes régulières.
JUNKERS
devait affronter deux problèmes, dus à la limitation de production
d'avions en Allemagne, conséquence du traité de Versailles : l'absence
d'un marché suffisant pour la production de Dessau, et l'arrêt de
développement de concepts prometteurs pour lesquels on ne dégageait
pas de volumes de vente. La solution consistait à établir et développer
des liaison aériennes internationales, projetés sur le long terme,
et réalisées méthodiquement. Ce développement fut lié au projet d'ensemble
de Dessau. Le professeur Hugo JUNKERS devait l'évoquer plus tard :
" Nous fûmes amenés à développer un système de transport aérien pour
mettre en oeuvre notre propre fabrication, car à l'époque personne
ne voulait assumer cette tâche " .
S'ensuivirent
de coûteuses expéditions de vente et de démonstration, comme en Amérique
latine. Elles eurent parfois pour résultat la création de compagnies
aériennes qui exploitaient exclusivement les avion de Dessau. Ces
compagnies furent un banc d'essai pour déterminer les possibilités
et les limitations du transport aérien, tant pour les passagers que
pour le fret, domaine également inexploré. Il devint évident que le
viabilité économique du transport aérien était la rapidité jointe
à la sécurité et à la régularité des liaisons. La voie de l'air, comparée
aux autres formes de transport, était de loin la plus flexible. C'était
le résultat des efforts de JUNKERS pour élever le transport aérien
en compétiteur sérieux du rail et des voies maritimes.
En
novembre 1920, il créa la première ligne en Europe, la " Lloyd Ostflug
GmbH " en vue d'exploiter des lignes vers les pays de l'Est, en 1921
la " Dantziger Luftpost GmbH " , puis en Pologne la " Aero Lloyd "
, en Lettonie la " Lettländischen Luftverkehrs A. G. " , et la " Osteuropa-union
" qui exploita des lignes régulières dès mars 1923, et à laquelle
s'affilia en Estonie " l'Aeronaut " . Le département Transport Aérien
de Dessau, créé en 1921, publia en 1923 les résultats de l'exploitation
commerciale des avions JUNKERS et conclut : " C'est la preuve que
les méthodes modernes de construction sont dans la bonne voie. Il
en résulte de plus grands avions commerciaux, technologiquement au
point, équipés de moteurs à essence perfectionnés, et, dans un proche
avenir de moteurs à huile lourde, qui assureront aux avions une réserve
de puissance pour une totale sécurité des vols .
Ce
rapport dégageait les tendances futures : accroissement des dimensions
des machines, avènement des multimoteurs, extension du réseau aérien
en densité et distance vers de nouveaux pays, début du service continu
des vols de jour et de nuit sur de longs trajets et selon des horaires
réguliers, développement d'un moteur diesel opérationnel, économique,
d'entretien facile, étude théorique et technologique des vols à grande
vitesse et à haute altitude. Ces considérations furent à l'origine
du trimoteur G23/G24, du transport de fret G 31, du quadrimoteur géant
G 38, et du JU 52/3m, l'avion de ligne le plus réussi et le plus répandu
de son époque, du JU-49, conçu pour la haute altitude, du rapide JU-60,
ainsi que des moteurs à huile lourde d'emploi universel JUMO 4/JUMO
204.
Les
développements du trafic aérien international influencèrent la technologie,
qui à son tour incita à l'extension des vols commerciaux. JUNKERS
devint principal partenaire ou initiateur de nombreuses compagnies,
en Finlande, en Suède, de la " Nordeuropa Union " dont les compagnies
couvraient la boucle Berlin-Dantzig-Königsberg-Memel-Riga-Tallin-Helsinki-Karlskrona-Warnemunde
(Rostock)-Berlin, de la " Skandinavische Union " réunissant la Finlande,
la Suède, la Norvège, et le Danemark, entièrement équipées d'avions
JUNKERS. Vers le sud, JUNKERS s'associa à la compagnie suisse " Ad
Astra Aero " , participa à la création d' " Ungarissche Aero Express
A. G. " . Les compagnies du sud européen se réunirent dans la " Transeuropa
Union " . Toutes ces Unions furent réunies en " Europa Union " en
mai 1925 à Berlin. Ce grand réseau global était unique dans l'histoire
de l'aviation européenne.
C'est
grâce aux concepts du professeur Hugo JUNKERS et de ses assistants
sur le rôle de l'aviation pour la paix et de la coopération entre
les peuples, que ce projet put être réalisé. Tout ce temps, le département
" trafic aérien " de l'unité de Dessau, dont est issue la " Junkers
Luftverkehr A. G. " , compagnie aérienne Junkers, avait participé
à la création de routes aériennes. Un étroite relation s'établit entre
Dessau et les compagnies soviétiques en Russie, en Sibérie, en Ukraine,
au Caucase, et en Azerbaïdjan, qui utilisaient le F 13 et recevaient
l'aide des pilotes de la firme JUNKERS. Vers la fin de 1925, la "
Junkers Luftverkehr A; G. " fut intégrée à son concurrent la " Deutsche
Aero Lloyd A. G. " pour former la " Deutsche Luft Hansa A. G. " ,
ce qui mit fin aux projets d'extension des lignes de la " Europa Union
" . Selon les statistiques de la firme, 40 pour cent de la flotte
commerciale mondiale était à cette époque composée de JUNKERS. La
démarche qui caractérise le professeur JUNKERS assumant la combinaison
de la recherche technique et du développement, de la production, de
la commercialisation, de l'expérimentation et de nouveaux développements
à son propre compte, était cohérente et connut un succès total.
L'association
dans la recherche globale et dans la production de la structure et
de la motorisation étaient sa tactique personnelle. Aucun autre constructeur
allemand n'en fit autant dans cet après-guerre. Cela permit à JUNKERS
l'indépendance et la souplesse de décision. Avant tout, l'association
de la construction et de l'exploitation facilitait la vente de ses
avions. L'ouverture de lignes dans des contrées lointaines lui permit
de développer l'aviation comme un lien entre les peuples et atténua
en même temps les effets du Traité de Versailles limitant la construction
de Dessau. La création d'usines à FILI près de Moscou, à LIMHAMM,
près de Malmö, accrut les exportations, y compris militaires, en particulier
pour les forces soviétiques.
JUNKERS
put réaliser ses coûteuses aspirations commerciales grâce aux recherches
intensives conduites dans ses usines, autofinancées et conduites en
interne. Il disposa des meilleurs avions, surpassant tout autre production.
Cela n'allait pas sans risque financier et il connut de lourdes pertes.
En dernière analyse, ce sont ses avions même, mariant une technologie
révolutionnaire et versatile à une réalisation fiable et de haute
qualité, qui lui valurent la primauté sur le marché. Quand, en octobre
1933, le régime nazi le contraint a quitter Dessau, il avait eu la
responsabilité de la construction d'une très grande variété d'avions.
Hugo Junkers meurt en 1935 (@Ju-52 Team)
A
Robert Roger rarement dans la restauration aussi peux d'homme fut
animé par la passion de l'aviation 11 ans de ténacité,
souvent blesser, épuiser, démoralisé, mais le
Ju-52 va bientôt prendre son envol .Les nerfs on tenues, la
détermination a payer l'équipe du JU va terminer
ce travail de titan. L'équipe n'est plus d'origine mais chaque
personne qui est venue gratter, poncer, couper, percer restera dans
le coeur de cette petite équipe souder par cette aventure (La
restauration du JU) G.C.