L'Histoire
de la Batterie de Merville
Préparations
Dans la localité de Merville, près de Franceville dans
le Calvados, se trouve une batterie de l'Armée allemande, composée
de plusieurs fortins de protections, de fossés antichars, d'innombrables
kilomètres de réseaux de barbelés, de champs
de mines, et surtout de quatre énormes casemates enfermant
chacune un canon de 100 mm.
Ces canons sont capables d'écraser la plage de Sword sous leur
feu. Pour les Alliés, ce site militaire, renforcé par
un ensemble de différents bunkers d'observation et de soutien
situé à l'Ouest de Franceville, face à la mer,
doit être sous contrôle avant que les soldats Britanniques
et Français commencent à débarquer le Jour J.
La garnison allemande de la batterie de Merville est forte de 200
soldats.
L'Etat-Major du Général Eisenhower prend la décision
suivante : c'est un commando de parachutistes Britanniques qui devra
se charger de réduire au silence la batterie dans la nuit du
Jour J, soit quelques heures avant le début du Débarquement.
C'est Otway, le Lieutenant-Colonel Terrence Otway qui hérite du commandement
de ce commando fort de 700 hommes, appartenant à la 9ème
Brigade de la 6ème Division Aéroportée.
Conscient de la difficulté de cette mission, il a souhaité
que ses subalternes connaissent les moindres détails de la
mission. Pendant les mois qui précèdent le Jour J, les
fantassins Britanniques s'entraînent continuellement au parachutage
(de jour comme de nuit) et la batterie a même été
entièrement reconstituée en Angleterre selon les photos
prises d'avions Alliés lors de missions de reconnaissance.
Les entraînements se déroulent par tous les temps et
à toutes les heures, afin de ne pas laisser place à
l'imprévu lors du D-Day.
l'attaque
Aux premières heures du mardi 6 juin 1944, les sept cent cinquante
parachutistes Britanniques sautent au-dessus de la Normandie. Cette
fois, c'est la guerre. Malgré l'entraînement minutieux,
les opérations ne se déroulent pas comme à l'exercice.
Comme leurs camarades américains, les Britanniques sont victimes
d'une importante dispersion en arrivant au sol ; le vent et de graves
erreurs de largage (dans la nuit certains pilotes ont confondu les
fleuves de la Dives et de l'Orne) perturbent considérablement
les plans établis. Les terrains inondés par les Allemands
en Normandie n'arrangent rien à ce problème, et les
fantassins parachutés, dans l'obscurité de la nuit,
n'ont pratiquement plus de points de repères pour se retrouver.
Otway déplore des pertes en hommes et en matériel bien
supérieurs aux estimations les plus pessimistes : à
02h30 du matin, il ne dispose que d'environ 150 hommes sur les 700
engagés.
Les autres sont égarés dans la campagne normande, sont
blessés ou se sont noyés dans les marais. Certains mettront
parfois plus de quatre heures pour effectuer un kilomètre et
demi, sans pour autant retrouver leurs camarades.
Otway n'a aucun véhicule, pas de mitrailleuse lourde, ni torpille,
et silence totale de ses 550 hommes, parachutés aux quatre
vents au-dessus du Calvados.
L'opération semble avoir échouée avant même
qu'un seul coup de feu ne soit tiré.
Malgré cet effectif réduit, Otway décide de maintenir
la mission. Il doit absolument capturer la batterie car il sait que
de cette réussite dépend la survie de fantassins Britanniques
et Français, qui vont débarquer sur Sword Beach dans
quelques heures, ainsi que de marins Alliés dans les bâtiments
de guerre sur la Manche.
04h30 du matin, il atteint Merville où il retrouve une douzaine
d'éclaireurs qui ont discrètement pratiqué quelques
brèches dans les barbelés. Il constate avec inquiétude
que le bombardement effectué peu avant par une centaine de
quadrimoteurs Lancaster a été si peu précis :
la batterie est presque intacte.
Des planeurs remplis d'explosifs doivent se poser au sein même
de la batterie juste avant l'attaque, mais avant même qu'ils
ne parviennent à se poser, ils sont abattus dans le ciel par
l'artillerie anti-aérienne allemande, la FLAK.
Les parachutistes engagent cependant un bref mais violent assaut contre
les 200 fantassins allemands qui se défendent avec acharnement.
Ving minutes plus tard, les Britanniques demeurent maîtres des
lieux, au prix de lourdes pertes (70 officiers et soldats Britanniques
sont victimes).
Ils lancent alors des fusées éclairantes en signe de
victoire, pour faire savoir aux marins Alliés qui attendent
au large des côtes normandes que la voie est libre. La batterie
de Merville est (provisoirement) neutralisée.
Une victoire provisoire
Si la batterie de Merville est capturée quelques minutes avant
le début du débarquement sur les plages de Normandie,
Otway, déjà à court d'hommes, de matériel
et de munitions, se voit à présent amputé de
plusieurs fantassins, tués ou gravement blessés lors
de l'assaut particulièrement meurtrier.
Il sait que si les Allemands tentent une contre-attaque pour reprendre
les casemates, que ses hommes n'auront pas les moyens de défendre
le secteur. Il décide de déplacer ses forces dans la
localité d'Amfreville, à quelques kilomètres
au Sud-Ouest de Merville et d'abandonner la batterie, après
avoir détruit les canons dans les casemates.
Un médecin allemand, soignant aussi bien les blessés
de sa patrie que les soldats Britanniques, décide de rester
avec les hommes intransportables. Mais Otway le prévient que
l'Armada Alliée bombardera la batterie vers 5 heures 30 du
matin et que s'il veut vivre, mieux vaut pour lui de ne pas rester
dans les parages.
Le sens du devoir du "toubib" allemand est plus fort : il
veut rester apporter les soins nécessaires aux blessés
des deux camps et les mettre à l'abri du bombardement. Le Lieutenant-Colonel
Britannique accepte et le remercie, avant de partir avec ses hommes
rescapés vers Amfreville.
Après avoir mis à l'abri du bombardement les blessés
de la bataille nocturne, le médecin allemand sera tué
par l'explosion d'un obu alliée, alors qu'il était allé
chercher du matériel médical dans une des casemates.